Un mail reçu , dans lequel bon nombre d'électeurs peuvent se reconnaître, et qui en dit long sur la désespérance que provoque la faiblesse des réponses politiques.
S. Tassin.
"Je considère que cette élection, cette campagne n’est pas ordinaire, elle intervient dans un contexte très particulier, à la croisée des chemins, et qu'on ne peut donc plus avoir de réaction mécanique.
Il y a aujourd’hui un tel niveau de défiance entre les citoyens et le système et personnel politiques, une telle exaspération, un tel sentiment d’injustice, et une forme de désespérance latente et en même temps une telle aspiration au changement, un tel gâchis humain dans la population que les logiques de soutien mécanique à un leader politique (y compris dans ceux qu’on connait le mieux) ne peuvent aller automatiquement de soi.
Du coup cette fois ci je ne réagirai pas comme certains d’entre vous ou certains électeurs en ce moment : je choisis le “moins pire” des candidats à la présidentielle, sans garantie que cela ne change quoi ce soit.
Non, je ne veux que le meilleur, celui avec l’étoffe qui aille avec l’immensité de la tâche de redressement à accomplir .
Si je considère qu’ aucun des candidats n’est à la hauteur , je voterai blanc le 22 avril prochain.
Cela fait maintenant 10 ans et plus que nous trainons une crise de régime profonde notamment depuis un certain 21 avril 2002. J’ai la conviction que la Vème République est morte ce soir là, mais que ceux qui sont en responsabilité depuis aussi bien au PS ou à l’UMP n’ont jamais voulu en tirer les conclusions. Suite à cela, le vote des régionales de 2004, du référendum de 2005 ou encore des taux d’abstention records lors des 3 derniers scrutins nationaux depuis 2009 n’en sont que le témoignage.
C’est pourquoi à mon sens il devrait y avoir dans cette élection des enjeux forts :
1) Est ce qu’on est prêt à mettre en place un nouveau régime politique et établir un modèle démocratique digne du 21e siècle, ce qui suppose une nouvelle Constitution (la 6eme république avec une Assemblée Constituante spécifique désignée pour cela dès 2012 ?) Il s’agit de revoir profondément la répartition et l’équilibre des pouvoirs, le mode de gouvernance pour rétablir le lien de confiance perdu... Il y a certainement beaucoup de choses à inventer ou à formaliser car je suis certain que beaucoup dans ce pays ont déjà des idées claires sur ce qu’il serait souhaitable de faire en la matière.
2)
Il s’agit pour le prochain chef de l’Etat de s’attaquer réellement à une oligarchie financière '(minoritaire en nombre) au niveau national et international qui menace même notre Etat et notre démocratie (cf l’article de P Canfin ) de rétablir des règles, et donc de remettre cette minorité à leur place au niveau européen et international : d’où la question “
de la volonté de” et “
de la capacité à”
Seuls des hommes d’Etats exceptionnels dans la période historique récente ont été à la hauteur ; on pense bien entendu à De Gaulle.
Se laisser entrainer dans un scénario à la grec serait dramatique ; ce pays en quelques mois a été condamné à retourner dans un Moyen Age social.
Il faut hiérarchiser les valeurs : remettre l’humain en avant comme finalité et non l’argent.Cela suppose que face aux difficultés il faut avant tout faire jouer la solidarité et ne pas essayer de tirer profit du malheur des autres ou les pointer du doigt comme des mauvais élèves.
3)Refaire de la France un exemple et un modèle à suivre dans le monde (notamment sur le plan des Droits de l’Homme, du savoir vivre et de la qualité de vie) avec comme seule visée un humanisme intégral.
4) Il est question ensuite d’une remobilisation interne de tous les acteurs notamment sur l’éducation, la production dans une dimension écologiquement compatible.
5) Avoir un projet Européen fort qui entraine de nouveau, basé sur la coopération et l’intégration entre les Etats et les peuples, et non sur uniquement des disciplines de concurrence “libre et non faussée” ou des principes monétaires.Le projet de prochain traité est de ce point de vue inacceptable, car il rompt avec l’idéal européen en voulant mettre au pas les Etats membres.
Si cette campagne reste dans de petits débats, avec des propositions d’ajustements à la marge telles que le proposent les principaux candidats actuellement, il y a un risque de profonde indifférence, de rejet qui débouchera forcément dans quelques mois dans une colère de rage en dehors des urnes...