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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 22:30


Entendons nous bien, je ne suis nullement adepte des schémas alarmistes.

Mais tout de même, la suppression du caractère obligatoire de l'Histoire-Géographie en terminale,le traitement réservé aux Sciences Economiques et Sociales,(plus déconomie appliquée, moins (le moins possible?) de social, sont deux points qui doivent nous alerter très fortement. 

Comment nos gouvernants conçoivent-ils le rôle de l'école par delà leurs beaux discours?
Quid de la nécessité de  maintenir  cette école comme pilier de la république donnant à chacun les mêmes chances de devenir citoyen éclairé?

Ils parlent de faire de l'école une priorité nationale?
Mais dans quel but ?

Lorsque je lis le contenu de ces réformes, je pense inévitablement à cette phrase de Patrick Lelay sur la nécessité de dégager du  "temps de cerveau disponible" chez les  télespectateurs de TF1.

Jacques Sapir (dont vous pouvez lire ci -dessous des morceaux choisis ) , s'interroge sur l'incohérence et  la schizophrénie du politique.
Est-ce bien de cela qu'il s'agit, ou cette apparente schizophrénie ne masque-t-elle pas un dessein bien plus machiavélique, celui, tant de fois tenté, souvent abouti,  du maintien de la masse dans le savoir mécanique et non éclairé, garantissant ainsi  la préservation d'une élite, qui elle aura eu toutes les données pour anticiper l'avenir à son avantage?

Sylvie Tassin

Lien avec la pétition contre la suppression de l'histoire géographie comme enseignement obligatoire  en terminale S.

http://spreadsheets.google.com/viewform?formkey=dEpuSnVqaTQzSFJYZllWYmxlZ25KRGc6MA


Non à la suppression de l’histoire-géo en terminale S , par Jacques Sapir,
directeur d’études à l’EHESS.

 Lundi, novembre 23, 2009

On vient d’apprendre que le ministre de l’Éducation nationale, M. Luc Chatel, a décidé de supprimer l’histoire et la géographie comme matières obligatoires en terminale scientifique. Il se propose néanmoins de les maintenir dans un cadre optionnel. Ce nouvel épisode de la réformite aiguë de tout ministre de l’Éducation nationale laisse anéanti et scandalisé.

(….)

Une mesure démagogique et une politique schizophrène

Tout le monde peut comprendre, au vu de ce qu’est un lycéen aujourd’hui, et plus particulièrement dans une section scientifique avec une spécialisation renforcée par la réforme, qu’une telle décision va aboutir à la suppression totale de cet enseignement. Très peu nombreux seront les élèves qui prendront une telle option. (...).

Alors que, aujourd’hui, plus de 50% des élèves ont choisi la terminale scientifique, ceci revient à enlever l’enseignement d’Histoire et Géographie à cette même proportion d’élèves.

(…)

Il faut souligner l’incohérence profonde de cette décision. Elle survient au moment même où, de la commémoration de l’anniversaire de la mort de Guy Môquet au grand débat sur « l’identité nationale » en passant par le projet d’un musée de l’Histoire de France, la question de l’histoire, mais aussi de la géographie (car la conscience nationale s’enracine dans des pays et des paysages) occupe une place centrale dans notre pays.

(…)

. Que penser d’une histoire qui serait réduite à sa plus simple instantanéité?(F Guizot)
(...)

On peut alors s’interroger sur la logique d’une telle politique qui prétend faire de la conscience nationale une priorité, qui va même jusqu’à créer à cette fin un Ministère de l’Intégration, et qui projette de la retirer en réalité à la moitié des élèves de Terminale. Ce n’est plus de l’incohérence, c’est de la schizophrénie pure et simple.

Quels citoyens voulons nous pour demain?

Au-delà, les raisons sont nombreuses qui militent pour le maintien d’un enseignement d’histoire et de géographie pour les terminales scientifiques. Dans la formation du citoyen, ces disciplines ont un rôle absolument fondamental. La compréhension du monde contemporain, de ses crises économiques ou géostratégiques, des rapports de force qui se nouent et se dénouent en permanence entre les nations, implique la maîtrise de l’histoire et de la géographie. Est-ce à dire que, pour le ministère de l’Éducation nationale, les élèves des terminales scientifiques sont appelés à être des citoyens de seconde zone? N’attendrait-on plus d’un mathématicien ou d’un physicien qu’il soit aussi un citoyen?

Ou bien voudrait-on promouvoir une France à deux vitesses, où d’un côté, on aurait de grands décideurs dont la science serait au prix de leur conscience, et de l’autre, le simple citoyen auquel on pourrait laisser ce savoir si nécessaire car devenu sans objet dans la mesure où ledit citoyen ne pourrait plus peser sur les décisions politiques?

(…)

.

L’Hioire, la Géographie et la double nature de la science économique

Moi-même, en tant qu’économiste, je ne cesse de mesurer ce que ma discipline doit à l’histoire (pour l’histoire des crises économiques mais aussi des grandes institutions sociales et politiques dans lesquelles l’activité économique est insérée) mais aussi à la géographie, avec son étude des milieux naturels et humains, des phénomènes de densité tant démographique que sociale. Comment peut-on penser la crise actuelle sans la mémoire des crises précédentes? Comment peut-on penser le développement de l’économie russe hors de tout contexte, comme si ce pays n’avait pas sa spécificité de par son histoire mais aussi de par son territoire? Nous savons bien que les processus économiques ne sont pas les mêmes dans les capitales, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et dans les régions.

(…) si l’économie n’est pas bien sûr le simple prolongement de l’histoire et de la géographie, elle perd toute pertinence à ne pas se nourrir à ces deux disciplines, et ceci de plus sans que cela soit exclusif d’autres disciplines comme l’anthropologie ou la sociologie. L’économie est donc fondamentalement une science sociale, mais une science sociale impliquant le recours étendu à des calculs comme instruments et cela sans que jamais on puisse cependant y voir une « nature » propre de l’économie. À ce titre, ceux qui prétendent vouloir trouver dans les mathématiques la clé de la scientificité de la science économique errent gravement, à la fois en tant qu’économistes et en tant qu’épistémologues.

Il faut donc retirer cette mesure avant qu’il ne soit trop tard, et pour cela susciter le mouvement de protestation le plus important et le plus large possible. Le ministère doit impérativement réintégrer l’histoire et la géographie parmi les matières obligatoires en terminale scientifique!

 

 

 

LIBERATION du 4 décembre 2009

La réforme du lycée fait l’économie de la série ES (par Véronique Soulé) extraits

 Enfin, tous les élèves français vont avoir des cours d’économie. Ils deviendront ainsi des citoyens éclairés, capables de comprendre une crise et d’y réagir au mieux. C’est, en substance, ce que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a annoncé triomphalement en détaillant la réforme du lycée. En réalité, la série ES (économique et sociale) en sort franchement affaiblie….

Les élèves de seconde qui prenaient l’option SES (43% du total) avaient droit jusqu’ici à deux heures trente par semaine. C’était une vraie plongée dans une discipline transversale qui mêle économie, sociologie, anthropologie et science politique. Avec la réforme, ils n’auront plus qu’une heure trente, ce qui est peu pour choisir, en connaissance de cause, la série ES, et qui ravale les SES au rang de matière mineure.

Dès la fin des années 70, Raymond Barre lance une offensive pour supprimer le «et sociales» des SES et en faire un enseignement purement économique. En vain. La droite et les milieux économiques proches du Medef reviennent régulièrement à la charge : ils reprochent aux SES de présenter une vision trop négative de l’entreprise, de s’appesantir sur le chômage au lieu de vanter les avancées du libéralisme, etc. En clair, il s’agit d’idéologie. En terminale, la réforme a saucissonné les SES. Les lycéens devront choisir, en spécialité, entre sciences sociales et économie approfondie d’où l’on aura extirpé la sociologie.

Séquence souvenir

What did you learn in school today?

 video         http://www.youtube.com/watch?v=VucczIg98Gw  
 paroles   
http://www.mydfz.com/Paxton/lyrics/wdylis.htm

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commentaires

A
<br /> Diatribe digne du NPA: pourquoi tant de dureté et de raideur? Vous allez trop loin sur l'école, c'est un peu caricatural même si le gouvt n'est pas tout blanc, ne tombez pas dans la caricature.<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> J'aimerais avoir tort  , Andrée, et qu'effectivement ceci soit une caricature. Malheureusement je n'en suis pas sûre.Et vous remarquerez que je ne fais que poser des questions.Et comme le<br /> prouvent les textes ou articles de presse cités dans mon billet, je  suis loin d'être la seule à me les poser.<br /> Sylvie Tassin<br /> <br /> <br />