Dernières pensées avant de prendre mon vol pour Athènes.
Me viennent à l'esprit constamment des images des cinq dernières années: les manifs, les places occupées, les lacrymos à n'en plus finir place Syntagma, jusqu'au vomissement, les cortèges impétueux d'octobre 2011, le centre d'Athènes regorgeant de misère, les dizaines et dizaines de réunions, l'occasion ratée de juin 2012, les visages hagards dans les rues, les moments d'abattement, la nouvelle de l'assassinat de Pavlos Fyssas, les centaines de nouveaux amis, de nouveaux camarades, en Grèce et hors de Grèce, mais aussi ceux avec qui un fossé irrémédiable s'est creusé.
Me viennent aussi à l'esprit des images plus anciennes, de l'enfance. Avant tout celles de l'été 1974, la fin du cauchemar de la dictature, le retour, la liberté retrouvée, des cortèges spontanés ou massifs que je croisais en allant ou en sortant de l'école dans le centre ville d'Athènes, les premiers drapeaux rouges devant les foules étonnées de leur propre audace.
Demain, il faudra vivre pleinement le moment, s'abandonner à l'émotion, s'ouvrir à ces nouvelles sensations. Et pourtant, ce n'est, ce ne sera, qu'une étape. Des choses inédites, exceptionnelles de gravité, commencent lundi. On le sait.
Comme aimait dire Daniel, "on aura au moins essayé".
Mais d'abord, il faut prendre Athènes!
"Pour que nos rêves prennent leur revanche" (Elytis).