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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 08:04

Interrogeons nous sur notre rôle de citoyen.

De nombreuses associations étaient représentées lors de ce rassemblement et du débat qui a suivi, et  la qualité des intervenants  était  saisissante.

A une époque où nos hommes et femmes  politiques se ruent dans l’empathie voyante, les appels grandiloquents  au pardon , à la punition , et autres formes d’exhibitionnisme, le rassemblement comme le débat étaient  ici d’une dignité remarquable.

Les personnes présentes  ont exposé avec mesure , précision  et pudeur la nature de leurs  souffrances et de leurs  revendications.

Plusieurs points doivent nous alerter.

Ce n’est qu’en décembre 2004 que la loi créant la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité fit de l'injure à raison de l’orientation sexuelle un délit .

Et aujourd’hui encore il n’existe pas d’outil statistique   permettant de recenser les plaintes pour homophobie, qui se retrouvent toujours mélangées aux plaintes de droit commun.

Les associations se battent donc pour que soit  créé un code spécifique appliqué aux plaintes pour attaques homophobes et effectivement on mesure à quel point ce manque peut entraver la défense des droits des homosexuels en empêchant un état des lieux indispensable pour mieux prendre la mesure d’une homophobie qui tire souvent sa force de son caractère rampant.

Ce code nous mène tout  naturellement à la question suivante : quelle nomenclature pour les injures homophobes ?

Là aussi le bât blesse terriblement, car comment faire reconnaître , lorsque des expressions comme « bande de pédés »  peuvent résonner  impunies dans des stades aux foules survoltées  -alors même que les instances fédérales  de football ont signé la charte de lutte contre l’homophobie-que ces termes trop souvent banalisés portent des atteintes violentes et profondes  à la dignité de l’être humain.

Et que reste-il au plaignant  lorsque le motif d’homophobie n’a pas été retenu ?

Comment vivre avec ce sentiment terrible d’être blessé sans que cela soit admis par l’autre?

Car la reconnaissance du tort causé est  l’étape fondatrice sans laquelle il est impossible de guérir de la blessure faite.

 Peu étonnant, face à une telle inertie de nos sociétés, que les victimes n’aient que rarement l’énergie d’être militants.

Comment se protéger aussi du risque  d’accusations  de prosélytisme toujours tentantes lorsque l’on ne souhaite pas accorder à l’autre son droit à la différence ?

Pourtant la différence sémantique est nette  entre le fait de s’exprimer librement et celui de  faire pression sur quelqu’un pour produire chez lui un changement ….

Et surtout, la phrase qui m’a le plus touchée est celle que les associations et leurs avocats prononcent très vite devant les victimes :

« La justice n’est pas juste , c’est un dossier papier que nous allons monter ensemble, dans lequel votre souffrance ne sera pas évaluée ».

Cette mise en garde est certainement terrible à entendre lorsque l’on se sent humilié dans ce qui constitue son identité.

Un des représentants  nous demandait d’avoir bien conscience de ce qu’il reste à faire, et de contribuer à ce qu’à l’avenir nul n’hésite plus à dénoncer ce qu’il considèrera comme une attaque homophobe.

Je crois effectivement que tel est bien notre devoir à tous  : entendre l’injure,  la reconnaître comme telle pour ensuite pouvoir la condamner.

C’est le devoir de la justice, mais aussi de chaque citoyen respectueux des fondements de la république que sont la liberté, l’égalité et la fraternité.

Car après tout, ce dont il est question ici est bien que chacun puisse jouir pleinement de  droits aussi essentiels à l’homme que ceux-là .

Sylvie Tassin.

 

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commentaires

F
<br /> Bonsoir,<br /> Au nom de l'ensemble de l'équipe de CENTR'EGAUX (Association des Centristes et Démocrates Lesbiennes Gays Bi Trans et GayFriendly), nosu tenions à vous féliciter d'avoir répondu présente à cette<br /> manifestation et d'avoir accepté de débattre ouvertement de la lutte contre les discriminations.<br /> C'est effectivement par ce type de rencontre, d'écoute et d'ouverture que nous pourrons efficacement faire reculer le rejet de l'autre et promouvoir l'acceptation des différences dans notre<br /> société, source de richesses.<br /> Démocratiquement,<br /> Frédérick GETTON<br /> Président<br /> <br /> <br />
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